Le nucléaire iranien
Si la menace conventionnelle représentée par l'Etat iranien reste improbable étant donné l'éloignement géographique des deux pays, d'autres restent d'actualité. « Le Mossad s’est réorganisé depuis 2002 et a redirigé ses efforts sur un objectif unique : l’Iran » explique Ronen Bergman auteur de La guerre secrète avec l’Iran. La première menace est nucléaire. En effet, Israël craint que l'Iran ne se dote à court ou moyen terme d'une capacité nucléaire pouvant menacer directement l'Etat hébreu. Israël use donc de divers moyens pour essayer de ralentir ou bien de cesser les activités nucléaires iraniennes car Mahmoud Ahmadinejad a déclaré qu'il fallait "rayer Israël de la carte". Le Mossad va ainsi agir dans une optique de préventions avec la perspective de ne subir aucune attaque.
Tout d'abord, ils ont créé un virus appelé Stuxnet. On l’a découvert en juin dernier mais il agit depuis un an et demi. Il est programmé pour une mission spéciale et diabolique : s’insinuer dans l’alimentation électrique de certains moteurs pour que ceux-ci perdent tout contrôle. Il les fait tourner de manière erratique, de plus en plus vite, jusqu’à l’explosion. Selon une étude récente, Stuxnet aurait été conçu seulement pour déstabiliser certains moteurs. Etonnamment, il s'agit des moteurs qui marchent de 807 à 1 210 hertz et sont gérés par un système Siemens qui se trouvent uniquement dans les centrifugeuses installées dans l’usine de Natanz, en Iran. Ce sont des milliers de machines qui enrichissent de l’uranium et dont le Conseil de Sécurité exige l’arrêt, redoutant qu’elles ne fassent partie d’un programme militaire clandestin. Selon toute vraisemblance, le virus est donc un outil de sabotage destiné à désorganiser Natanz et à ralentir la République islamique dans sa (probable) course à la quête d'une bombe nucléaire. En octobre, le vice-président iranien a révélé qu’un virus s’était attaqué aux installations atomiques de son pays en infectant plus de 30 000 ordinateurs. Le 29 novembre, le président Ahmadinejad a reconnu qu’il s’agissait d’un virus et que quelques centrifugeuses avaient été mises « hors service ». Mais il a affirmé que les dégâts avaient été minimes et maîtrisés. Or l’Agence Internationale à l’Energie Atomique (AIEA) écrit que, le 16 novembre, la moitié de l’usine de Natanz était à l’arrêt, ce qui n’était jamais arrivé depuis sa mise en route en 2006. Au siège de l’AIEA, des diplomates soutiennent que Stuxnet est la cause de cette gigantesque avarie. Un spécialiste mondial de la criminalité informatique, Ralph Langer, affirme que « cette attaque a nécessité des années de préparation » et que « seul un Etat » a pu monter une telle opération.

En effet Israël a inventé ce virus, au nord de Tel Aviv, ou du moins le Mossad, dans l’un de ces buildings ultramodernes où une kyrielle de sociétés high-tech ont leur siège . explique Aharon, lui-même ancien du renseignement. Le Mossad avec l’aide de la CIA et de ses alliés ont, semble-t-il, engagé une campagne d’assassinats ciblés de responsables du nucléaire iranien. On leur attribue plusieurs morts suspectes. Il est vraisemblable que certains groupes hostiles au régime central iranien - Kurdes, Azéris, Baloutches - soient utilisés dans ces opérations, même s’ils sont sur la liste des organisations terroristes du Département d’Etat. En janvier 2007, un chercheur de 44 ans, Ardeshir Hassanpour, est retrouvé sans vie, après avoir inhalé trop de gaz toxique. Il travaillait à l’usine de conversion d’uranium d’Ispahan. Trois ans plus tard en janvier 2010, un professeur de physique, Masoud Ali Mohamadi, est tué à Téhéran par l’explosion d’une moto. Enfin, le 27 novembre, les voitures de deux experts nucléaires ont, selon la télévision iranienne, explosé simultanément à Téhéran. L’un d’eux serait décédé. Il était l’un des rares spécialistes de la séparation isotopique en Iran. Autant de décès bien étranges qui désorganisent le programme atomique. Le programme nucléaire devient difficile à manoeuvrer.
Il y a plus subtil encore : saboter le matériel acheté par l’Iran. Les opérations sont encore plus complexes. Le Mossad, via un fournisseur et grâce notamment au MI-6 et à la CIA, a délivré à l’Iran , des pompes à vide - des équipements nécessaires aux centrifugeuses - qui avaient été préalablement détraquées. « Avant d’être envoyées à Téhéran, ces machines ont fait un petit détour, raconte David Albright qui, à Washington, dirige une ONG spécialisée dans l’étude de la prolifération nucléaire. Elles sont passées en catimini par Oak Ridge et Los Alamos, dans des labos atomiques américains où elles ont été sabotées. » Selon Albright, c’est sans doute un intermédiaire du Lichtenstein qui les a finalement « refourguées » aux Iraniens... En outre le Mossad menace des fournisseurs directs en leur glissant un message implicite : « Si vous continuer de laisser faire, on le fera savoir à la presse internationale, ce qui sera très mauvais pour votre image de pays responsable. » Deux avions cargo transportant de précieux équipements pour la poursuite de l’enrichissement de l’uranium ont fini écrasé.
Le Mossad se cache derrière tout ça car il agit dans l’optique de tourner court au nucléaire iranien. Au total, la guerre secrète sous toutes ses formes a eu l’effet recherché : le programme nucléaire iranien connaît des difficultés importantes. « Leur usine d’enrichissement s’arrête, leurs cadres se font assassiner ou fuient à l’étranger et ils n’ont plus de quoi construire les milliers de centrifugeuses qu’ils avaient planifiées. Bref, il semble que nous soyons en train de réussir », déclare Patrick Clawson, du Washington Institute for Near East Policy. François Heisbourg partage son optimisme : « Avant, le temps jouait contre nous ; maintenant, il joue contre l’Iran. » Est-ce à dire que l’Iran est sur le point de renoncer à ce programme ? « Je ne le crois pas du tout, dit Olli Heinonen, l’ancien chef des inspecteurs de l’ONU, qui a rejoint l’université de Harvard cet été. La preuve : les Iraniens cherchent à construire d’autres usines d’enrichissement dans des endroits secrets. Pour brouiller les pistes et rendre la tâche plus difficile aux services occidentaux, ils creusent des tunnels en de nombreux lieux. » Le journaliste Ronen Bergman rappelle ceci : « A la fin des années 1970, le Mossad a lancé une série impressionnante d’opérations clandestines visant à retarder le programme nucléaire irakien. En 1979, dans les chantiers de La Seyne-sur-Mer, il a détruit la cuve d’un réacteur atomique avant sa livraison à Bagdad. Pourtant, trois ans après, Israël est parvenu à la conclusion qu’il n’y avait plus d’autre choix que de bombarder la centrale d’Osirak » sans le feu vert de Washington. Est-ce à dire qu’une attaque d’Israël se prépare en ce moment même ?
Israël et le Mossad ne sont pas encore parvenus à réaliser pleinement leurs souhaits. Ils ont seulement à ralentir le processus d’enrichissement grâce à divers moyens privilégiant principalement l’action. Une guerre est possible mais n’est pas encore d’actualité. En effet , n’étant pas menacer directement on peut s’interroger si oui ou non le Mossad agit pour défendre le pays auquel il est lié à jamais ? Le service de renseignement agit pour la sécurité d’Israël car il faut rappeler les propos du président iranien déclarant vouloir « rayer de la carte Israël ». C’est donc une future menace pesant sur le dos des sionistes que le Mossad préfère éviter et en toute logique car désormais , depuis Hiroshima , tout le monde connaît les dégâts gigantesques que causent une bombe atomique.